"Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι ελέφτερος." (« Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre ») Nikos Kazantzakis ou une source plus ancienne ?
(Article d’Elina Stamatios, en date du
28/08/20,traduit du grec.Cf l’article original : http://www.reporter.com.cy/celebrity/listings/art-culture/article/103534/)
L'une
des phrases les plus célèbres - peut-être - de l'écriture grecque. Cette
citation est si appréciée, chantée, gravée de manière indélébile sur les
bureaux de l’école, devenue un slogan, mais aussi un mode de vie pour les
fréquentes manifestations d’opposants. Nous pouvons la lire sur les murs de
certains profils sur facebook où, en deux mots, quelqu'un se décrit ainsi.
Mais surtout, cette phrase pleine
de dérision était associée à l’une des plus grandes figures littéraires
grecques du XXe siècle, celle de Nikos Kazantzakis. En effet, elle était
tellement identifiée à l'auteur crétois, que la plupart d'entre nous dirions
qu'il en fut le créateur, avec son stylo sur le papier.
Mais ce qu’ils savent peu, c’est que cette phrase n’a jamais appartenu à Kazantzakis, bien
qu’il l’ait utilisée dans son célèbre ouvrage « Ascèse », dans le but d’exprimer sa lutte personnelle pour le bien et le bonheur. C'est pourquoi il a également demandé, par son testament, à sa mort, que cette phrase soit gravée sur sa tombe, ce qui est arrivé par la suite.
En fait, l'équivalence de la phrase bien connue remonte à très loin, notamment au IIe siècle de notre ère, lorsque le philosophe cynique Démonax de Chypre qui souhaitait dépeindre le cœur de sa philosophie cynique - à savoir que le bonheur humain pouvait être atteint par le refus des conventions sociales, qui ont humilié l’homme - avait écrit, comme Lucien nous le dit dans son ouvrage « [La vie de] Démonax » [19-4 / 20-7]:
« On lui demandait un jour en quoi consiste le bonheur : "Il n'y a d'heureux que l'homme libre. - Mais il y a bien des gens libres. - Moi, je ne parle que de celui qui n'a ni crainte, ni espérance. - Est-il possible de trouver un pareil homme ? Nous sommes tous esclaves de ces passions. - Il est vrai ; mais si vous considérez bien les choses humaines, vous voyez qu'elles ne méritent ni l'espoir, ni la crainte : tout finit, la douleur comme le plaisir. »
Démonax est né à Chypre et a été actif au IIe siècle de notre ère à Athènes où il est devenu
un partisan des doctrines socratiques, mais avant tout un adepte de l'éthique socratique.
Bien qu’il appartienne à une famille éminente et riche, il préférait vivre comme un chien et un
ascète. Ses maîtres étaient Epictète, Timocrate, Agathouvlos et Dimitrios. Selon leur
enseignement, les seuls biens de la vie sont l'autosuffisance, l'absence de peur et d'espoir et la paix de l'âme. Considéré comme supérieur aux autres philosophes cyniques dans son
éducation, il évitait les provocations et indécences qui caractérisaient généralement les
Cyniques: il vécut environ 100 ans et mourut délibérément après avoir vieilli suffisamment selon lui, refusant volontairement de s’alimenter.
Quelques siècles plus tard, notamment en Grèce en 1806, nous retrouvons l'essence de la
phrase du philosophe chypriote dans un texte remarquable, la "Préfecture grecque", qui était
essentiellement un essai de pensée politique et dont l'auteur reste inconnu à ce jour.
Démonax et l’auteur anonyme de cet essai partageaient cette pensée selon laquelle
« l'homme libre n'espère ni ne craint ce qu'il est sur le point de faire », devise que
Kazantzakis, qui connaissait probablement le point de vue de Démonax à travers les
traductions des œuvres de Lucien par I. Kondylaki, a reprise à son tour dans « Ascèse ».
« Il n'y a rien, pas de vie, pas de mort, je considère la matière et l'esprit comme deux
fantasmes érotiques nés de notre exubérance, dispersés, mêlés, donnant naissance et en
train de disparaître, et je dis: « C’est ce que je veux ! » Je sais maintenant. Je n'espère rien,
je n'ai peur de rien, j'ai été nettoyé de l'esprit et du cœur, je me suis élevé plus haut, je suis
libre. C'est ce que je veux. Je ne veux rien d'autre. Ma quête fut celle de la liberté. »
Donc, si vous entendez ou voyez quelque part cette célèbre phrase, souvenez-vous que son inspirateur et son véritable « père spirituel » n'était autre que le philosophe chypriote Démonax.
En fait, l'équivalence de la phrase bien connue remonte à très loin, notamment au IIe siècle de notre ère, lorsque le philosophe cynique Démonax de Chypre qui souhaitait dépeindre le cœur de sa philosophie cynique - à savoir que le bonheur humain pouvait être atteint par le refus des conventions sociales, qui ont humilié l’homme - avait écrit, comme Lucien nous le dit dans son ouvrage « [La vie de] Démonax » [19-4 / 20-7]:
« On lui demandait un jour en quoi consiste le bonheur : "Il n'y a d'heureux que l'homme libre. - Mais il y a bien des gens libres. - Moi, je ne parle que de celui qui n'a ni crainte, ni espérance. - Est-il possible de trouver un pareil homme ? Nous sommes tous esclaves de ces passions. - Il est vrai ; mais si vous considérez bien les choses humaines, vous voyez qu'elles ne méritent ni l'espoir, ni la crainte : tout finit, la douleur comme le plaisir. »
Démonax est né à Chypre et a été actif au IIe siècle de notre ère à Athènes où il est devenu
un partisan des doctrines socratiques, mais avant tout un adepte de l'éthique socratique.
Bien qu’il appartienne à une famille éminente et riche, il préférait vivre comme un chien et un
ascète. Ses maîtres étaient Epictète, Timocrate, Agathouvlos et Dimitrios. Selon leur
enseignement, les seuls biens de la vie sont l'autosuffisance, l'absence de peur et d'espoir et la paix de l'âme. Considéré comme supérieur aux autres philosophes cyniques dans son
éducation, il évitait les provocations et indécences qui caractérisaient généralement les
Cyniques: il vécut environ 100 ans et mourut délibérément après avoir vieilli suffisamment selon lui, refusant volontairement de s’alimenter.
Quelques siècles plus tard, notamment en Grèce en 1806, nous retrouvons l'essence de la
phrase du philosophe chypriote dans un texte remarquable, la "Préfecture grecque", qui était
essentiellement un essai de pensée politique et dont l'auteur reste inconnu à ce jour.
Démonax et l’auteur anonyme de cet essai partageaient cette pensée selon laquelle
« l'homme libre n'espère ni ne craint ce qu'il est sur le point de faire », devise que
Kazantzakis, qui connaissait probablement le point de vue de Démonax à travers les
traductions des œuvres de Lucien par I. Kondylaki, a reprise à son tour dans « Ascèse ».
« Il n'y a rien, pas de vie, pas de mort, je considère la matière et l'esprit comme deux
fantasmes érotiques nés de notre exubérance, dispersés, mêlés, donnant naissance et en
train de disparaître, et je dis: « C’est ce que je veux ! » Je sais maintenant. Je n'espère rien,
je n'ai peur de rien, j'ai été nettoyé de l'esprit et du cœur, je me suis élevé plus haut, je suis
libre. C'est ce que je veux. Je ne veux rien d'autre. Ma quête fut celle de la liberté. »
Donc, si vous entendez ou voyez quelque part cette célèbre phrase, souvenez-vous que son inspirateur et son véritable « père spirituel » n'était autre que le philosophe chypriote Démonax.
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