Roger Waters, « This is not a drill » - Un engagement sublimé.

(Vu à Lille, le 12 mai 2023)

 

« Comfortably numb » ouvre ce concert de façon aussi magique que sépulcrale. Quelques violents grondements d’orage traversent l’espace sonore et zèbrent l’écran que baignent les images video de Sean Evans d’une brume turquoise… La composition, interprétée en la mineur, prend une résonance plus grave, plus sombre que jamais. La relation entre les images et le son ouvre habilement l’esprit des spectateurs aux multiples niveaux de lecture simultanés de ce chef d’œuvre.

On peut y voir les tourments de l’artiste ou de l’homme lambda trouvant dans la drogue ou les médecines un palliatif à la douleur, un hommage douloureux à Syd Barrett, dont l’ombre est très présente dans la suite du concert avec, bien sûr, le sublime « wish you were here » entre autres, mais aussi les textes en script sur l’écran qui ressuscitent le passé partagé des deux hommes… On peut surtout, en visionnant les images des quidams, de la foule déambulant dans l’espace urbain projeté sur l’écran, songer à tous ces humains engourdis par une vie confortable mais artificielle, qui y sacrifient leurs libertés, qui laissent nos démocraties prostituées au capitalisme par des ambitieux promus comme des lessives. On peut enfin y voir une foule d’hommes dociles, vaccinés par des apprentis sorciers sans scrupules, « just a little pinprick » et parfois pour leur perte...

Ouvrir le concert par ce superbe morceau, c’est exposer le drame d’une humanité qui se laisse engourdir et manipuler. Toute la suite du concert ne fait qu’appeler au réveil et à la vigilance, avec un magnifique brio. Roger Waters est l’un de ces indispensables veilleurs dont le monde a besoin. Par ce concert sans concession, il donne à l’engagement artistique ses lettres de noblesse et une nouvelle dimension.

La résonance profonde et durable de « Comfortably numb » - comme imprimée, gravée, tatouée… - reste pour moi le symbole même de ce concert : comment sortir indemne ou indifférent de ce sublime adagio que ponctue le solo vocal déchirant de Shanay Johnson ? Les enjeux de cette humanité et de cet humanisme sont clairement marqués : ou ils se réveillent ou ils sombrent dans le plus complet esclavage…

Version studio:



Paroles de « Comfortably numb »

Hello? (Hello? Hello? Hello?)

Is there anybody in there?
Just nod if you can hear me
Is there anyone home?
Come on now
I hear you're feeling down
Well I can ease your pain
Get you on your feet again
Relax
I'll need some information first
Just the basic facts
Can you show me where it hurts?

There is no pain you are receding
A distant ship smoke on the horizon
You are only coming through in waves
Your lips move but I can't hear what you're saying
When I was a child I had a fever
My hands felt just like two balloons
Now I've got that feeling once again
I can't explain you would not understand
This is not how I am
I have become comfortably numb

I have become comfortably numb

Okay (okay, okay, okay)
Just a little pinprick
There'll be no more, ah
But you may feel a little sick
Can you stand up?
I do believe it's working, good
That'll keep you going through the show
Come on it's time to go

There is no pain you are receding
A distant ship, smoke on the horizon
You are only coming through in waves
Your lips move but I can't hear what you're saying
When I was a child
I caught a fleeting glimpse
Out of the corner of my eye
I turned to look but it was gone
I cannot put my finger on it now
The child is grown
The dream is gone
I have become comfortably numb

 

version Prague 25/05/2023:




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