Que sont devenues les fleurs ?


Eva - Que sont devenues les fleurs ?

    Voici plus d'un demi-siècle, une chanson pacifiste, adaptée en langue française par Francis Lemarque et Guy Beart, - excusez du peu ! - d'une ballade militante de Pete Seeger se taillait un beau succès, qui avait pour titre "Que sont devenues les fleurs ?"... 




   Si je prends le dernier mot de ce titre au sens rhétorique, après avoir enduré la piétrissime allocution de notre président,  on peut effectivement se le demander !!! Que lui est-il passé par la tête ? qui rédige ses textes ? Autant de sujets d'inquiétude qui s'ajoutent à l'actuelle conjoncture...



   Que retenir dudit discours en dehors de la décision de confinement et des restrictions de contacts auxquelles tout un chacun s'attendait logiquement ? La rhétorique de bas étage choisie pour l'exprimer en la dramatisant jusqu'au ridicule, voire, jusqu'à l'indécence...    L'anaphore étant à la mode dans le microcosme politique, - chacun a en mémoire le pathétique "Moi, président" de son prédécesseur -, le chef de l'Etat y a ajouté pour faire bon poids la métaphore hyperbolique et a scandé six fois "Nous sommes en guerre", peut-être influencé en cela par l'article du Courrier international paru le matin même...



   Si certain[e]s journalistes ne cessent de ressasser leur émerveillement servile face à cette figure du discours de bas étage, il n'en va pas de même du citoyen de base ni des êtres respectueux du sens des mots qui n'ont vu dans la posture d'Emmanuel Macron ce 16 mars au soir qu'une réplique grotesque d'un président de mauvais film américain dans un film caricatural du temps de la guerre froide...bref, un acteur de série "z" !

  Pire et plus grave, l'indécence de l'analogie, qui est quasiment une insulte à tous ceux qui ont connu, vécu ou qui connaissent et vivent les affres terribles et sordides d'un authentique et impitoyable conflit militaire ! Comment a-t-il osé ? Ah que n'a-t-il pris plutôt modèle sur des poètes comme Philippe Jaccottet, amoureux des mots simples et précis, imparablement justes et évocateurs jusqu'à la hantise ?! Il faut bien davantage d'humilité et de recueillement, pour ce faire, mais je dirai également, de goût. Que n'a-t-il fait un parallèle avec les épidémies historiques... mais évidemment, l'effet eût été moins flatteur, puisque ces fléaux étaient bien plus dévastateurs que l'actuel virus...


  En cela, loin de revêtir la stature solennelle de l'homme d'Etat, il nous a rappelé l'image dérisoire du candidat Macron, tressautant comme un cabri et flûtant de sa voix de petit chanteur à la croix de noix ses discours hystériques de campagne... Une sorte de Docteur Folamour revisité par un Kubrik moins talentueux et trop sage...



  J'ai lu dans les commentaires à propos de cette image, que si d'après le chef de l'Etat, "nous sommes en guerre", alors nous avons de bien piètres généraux et un triste Etat-major... C'est ce que m'inspire en effet l'usage éhonté de ces fleurs de rhétorique maladives, qui signifient bien au-delà de l'apparente et stricte maladresse notée par les littéraires de profession !

  Et quitte à proposer une diatribe pour illustrer le contexte, ce serait celle composée par le poète Jacques Bertin en 1967, et qui s'intitule "Menace", texte visionnaire d'une catastrophe bien plus considérable qui  a l'immense mérite de nous renvoyer au reflet de notre réalité propre... 


    Que cette "guerre" qui n'en est pas une vous épargne, nous garde solidaires, frères et amis, nous garde d'opter pour la tentation de la solitude et renforce autant que possible notre humanisme, notre respect des autres, mais également notre conscience et notre respect des mots et du langage qui nous maintient en communication par-delà le confinement et les mensonges des élites.

Commentaires

Articles les plus consultés