De l'impéritie et du cynisme conjugués...
"Pendant que nos concitoyens essayaient de s'arranger avec ce soudain exil, la peste mettait des gardes aux portes..." (Albert Camus, La Peste)
Des gardes dans les rues, aussi, et des barrières pour fermer l'accès des parcs et des jardins. La contrainte, les discours aussi pompiers qu'anxiogènes de l'exécutif et la menace de la répression pour toute pédagogie... "Exécutif", enfin, la sémantique du mot a ses limites... Parce que pour la fabrication et délivrance des masques de protection indispensables au personnel médical et à tous ceux qui oeuvrent au contact de la maladie pour l'endiguer, le soi-disant "exécutif" s'est avéré incompétent, impotent ! Faute gravissime - certains vont jusqu'à employer la formule de "crime sanitaire" - dont il aura à répondre devant le Peuple et les assemblées une fois la maladie éteinte, d'autant que l'alerte lui fut donnée très tôt. si l'on en croit l'ex-ministre de la santé:
Tout aussi grave, la décision de ne pas prévoir et généraliser les tests de dépistage comme l'ont fait tant d'autres états avisé, tels que Taïwan, Singapour, Hong-Kong, la Corée, l'Allemagne... Cela aurait permis de gagner un temps précieux et de faciliter la tâche ardue et sisyphéenne des services de santé...
Mais nous pouvons relever d'autres errements, comme celui de ne pas être attentif aux spécialistes comme le Professeur Didier Raoult, par exemple, grand spécialiste en infectiologie, qui s'est montré très clair dans ses récentes et très instructives interventions, sur les mesures prises par le gouvernement et les mesures qu'en tant que spécialiste il eût volontiers préconisées si on l'avait consulté et écouté, que ce soit sur le confinement ou la prescription de chloroquine pour soigner le mal:
Il est clair que le vaisseau de l'Etat est très mal gouverné sur la question cruciale de la Santé qui nous occupe aujourd'hui, et cela ne doit pas nous étonner tant que cela, si l'on se souvient que nous dénoncions déjà à longueur de publications et d'articles le sabotage médité et systématique de l'Hôpital public par le gouvernement mis en place par le valet du néo-libéralisme et de la grande finance européenne, chargé de lui substituer le modèle anglo-saxon, pourtant en piteux état et socialement si inique...
Pour le reste, au-delà de ce cynisme et de cette impéritie patents, que penser et relever d'autre sinon les contradictions hurlantes qui apparaissent de jour en jour de la part de cet Etat ubuesque qui tient entre ses mains cupides et désinvoltes notre destin commun: comment peut-on appeler au confinement, à la limitation des sorties et déplacements et inciter les salariés à travailler, en allant même jusqu'à les "acheter" moyennant une prime de 1000 euros ?!?
Comment peut-on demander aux transporteurs routiers de poursuivre leur route en fermant les accès de toutes les commodités de vie le long des autoroutes ? Et nous pourrions poursuivre cet inventaire encore longtemps, s'il n'entretenait en nous le désespoir de nous savoir les jouets d'un exécutif peut-être doué pour générer et gérer les juteux dividendes d'actionnaires et de sociétés dans les rayons "bourse et finances", mais totalement incapable de vision et dénué du sens de l'Humain indispensable pour faire face à la crise sanitaire actuelle...
A suivre de jour en jour les décisions et agissements du gouvernement, on se demande ce qui domine, du cynisme froid ou de l'impéritie la plus élémentaire. "Impéritie", le terme se définit comme un "manque d'aptitude"... J'ai en mémoire la définition qu'en donnait le célèbre verbicruciste Laclos: "spécialité des nuls". Elle va comme un gant à ceux qui nous gouvernent. Mais pour avoir la paire, il faut bel et bien ajouter le cynisme le plus absolu !
Nous ne devons pas l'accepter ni nous y accommoder, mes amis, car comme l'écrit le docteur Rieux, chroniqueur de La Peste d'Albert Camus, "l'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même". Montrons-lui ce qu'il aurait du réaliser depuis bien longtemps, mais qu'apparemment il ignore ou dédaigne, et qu'on ne peut déceler en lui, "ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser".
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