"Ah ! ça ira, ça ira, ça ira..."






       Le mouvement unanimiste des citoyens français dénommé "mouvement des Gilets jaunes", qui s'est levé ce week-end, est tout-à-fait symptomatique de la situation politique de notre pays. Et cette situation  trouve de nombreux points de ressemblance avec celle de la France de 1789... Nous pouvons oser un parallèle entre le régime d'Emmanuel macron et celui du roi Louis XVI, même si, à première vue, la personnalité de ce dernier apparaît nettement plus sympathique. 
  


              Par exemple, de quoi sont nées les émeutes et révoltes (émeutes paysannes de mars qui s'embrasent en Bretagne, en Provence, en Alsace, en Bourgogne, révolte populaire qui couve durant l'été dans la capitale) de 1789 ? D'un pays accablé par les traites (douanes intérieures) et les péages, subissant des impôts injustement répartis, cristallisant une haine tenace de l'arbitraire du pouvoir, d'une situation sociale dramatique, faisant que trois millions d'habitants ne vivaient plus que par l'assistance publique ou privée.
             Aujourd'hui, les taxes de tous ordres accablent les citoyens, qui peinent à faire face à leurs besoins élémentaires, les péages routiers ne cessent d'augmenter, les taxes sur l'énergie de même, l'Etat envisage des péages d'accès aux centres urbains, et la France compte officiellement, selon l'INSEE, en 2018, 8,8 Millions de citoyens sous le seuil de pauvreté, soit 14% de la population !

             Et dans les deux cas, le gouvernant et sa cour sont sourds aux signaux envoyés par le peuple de France. Mais les citoyens français de 2018 font face, non à l'indifférence d'un souverain qui vit coupé de son peuple, mais, circonstance aggravante pour eux, au mépris d'un président et d'un gouvernement autistes, qui "assument" (sic !), dans le confort de leur condition, les peines et la misère qu'ils font endurer au peuple qu'ils toisent de haut quand ils ne le traitent pas de "fainéants" (n'est-ce pas ci-devant Macron ?). Lequel Macron vit retranché dans son palais de l'Elysée que les CRS, équivalent des gardes suisses et dragons d'antan, rendent inaccessible au commun des mortels, à la "vile populace", comme ils disent...

               Le mouvement de ces jours-ci est un ultime signal aux potentats du pays, avant que la cocotte-minute n'explose littéralement. L'entendront-ils cette fois ? Pas sûr, tant ils semblent sûrs de leur légitimité et confiants en leurs oreilles de coton... En 1784, Beaumarchais avait alerté tous les nobles et la cour en faisant jouer son "Mariage de Figaro"... Les nobles ont beaucoup ri, la cour s'est divertie, et nul ne s'est ému de l'alarme... Nous savons ce qu'il en est finalement advenu !


           Emmanuel Macron se pense sans doute protégé par la prétendue légitimité de son élection? Or, rappelons qu'il n'a été élu que par une fraction infime des citoyens français, au bénéfice des efforts des médias et des grands trusts de la finance qui ont agité comme un pantin de carnaval l'épouvantail Le Pen... Au bilan, le « roitelet », car on ne peut nommer qu’ainsi l’élu de 43% des électeurs inscrits, qui, rappelons-le, n’a fédéré sur son seul nom et programme que 24% des voix, les autres étant des suffrages hostiles à une adversaire discréditée par sa xénophobie et une fin de campagne passablement bâclée, lesquels électeurs se retrouvent aujourd'hui déçus et, pour bon nombre d'entre eux, ont revêtu leur gilet jaune hier et ce jour.... Et que scandaient ces manifestants, de tous horizons sociaux, professionnels, de tous âges, et qui pour beaucoup, échappaient au cadre du militantisme politique ? "Macron, démission, Macron, démission !", bref  ils réclamaient, si j'ose dire, comme le peuple de 1789, la tête du "roitelet "! Ce dernier devrait bien songer que, ce qu'une infime partie du peuple a fait, au soir d'un second tour de scrutin de 2017, une immense majorité du peuple peut le défaire, dès les jours prochains, car nul doute qu'il ne bénéficie plus dans ce pays, très loin de là, du crédit ni de la majorité nécessaire à son maintien.


             Donc, s'il entend les cris du peuple et daigne condescendre à interpréter le sens du message transmis, sagement, il prendra la décision de se démettre avant d'être démis, parce qu'il faut que le peuple vive ! A défaut de quoi, comme les soi-disant grands ont la chasse à courre (hélas !), le peuple pourrait bien se lancer dans la chasse à... cour !







Lire aussi l'excellente diatribe de Michel Onfray, le philosophe qui sait rendre hommage à ceux qui se sont levés contre le cynisme des gouvernants et des bobos: https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/le-message-clair-des-gilets-jaunes-a-bhl

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