Apostille aux événements de la matinée du 16 octobre 2018... A qui profite ce mauvais théâtre ?

   On me pardonnera ce titre hugolien, mais il s'agit d'un hommage en passant au chef du mouvement France insoumise fervent adepte de l'exilé de Jersey. Le 16 octobre 2018, donc, les sièges de la France insoumise et de l'Ere du peuple, du parti de gauche, ainsi que les domiciles de Jean-Luc Mélenchon et d'autres membres de ce parti ont été spectaculairement perquisitionnés, sans instruction du juge, avec l'intervention d'un procureur. Et cela pose problème: en effet, le procureur est l'incarnation de la collusion entre deux pouvoirs que notre constitution établit comme devant être séparés pour garantir le fonctionnement et l'équilibre de la démocratie. Ainsi le veut la règle de séparation des trois pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) chère à Locke et Montesquieu (L'Esprit des Lois), qui fonde également notre constitution de la Vème République établie en 1958. Le  la cour européenne des Droits de l’Homme, dans son arrêt Medvedyev  a d'ailleurs estimé que le procureur ne pouvait être considéré comme une autorité judiciaire au sens de l'article 5 §3 de la convention car, je cite, « le procureur de la République n’est pas une autorité judiciaire au sens que la jurisprudence de la Cour donne à cette notion : comme le soulignent les requérants, il lui manque en particulier l’indépendance à l’égard du pouvoir exécutif pour pouvoir être ainsi qualifié ». Chacun aura compris qu'il y a, à la base de cette intervention de la justice hier une manoeuvre politique décidée en haut lieu par les tenants du gouvernement et que cela fait manquement à ce fondement élémentaire de la démocratie de dissociation des pouvoirs exécutif et judiciaire, l'absence de procès verbal constituant même un vice de forme aussi grave qu'élémentaire. Notre démocratie est donc bafouée dans son fonctionnement quotidien et les procédures utilisées rappellent étrangement celles de régimes fort peu démocratiques ainsi que des heures enténébrées de notre histoire occidentale...
  
    Pourtant, ce qui agite le microcosme médiatique, loin d'être cette préoccupante question de fond, c'est le mauvais théâtre qui s'est joué lors de ces événements, chacun y jouant le rôle dicté par les circonstances... Les officiels, maladroits et mal à l'aise, sans doute conscients du caractère bancal et disproportionné de leur intervention, Jean-Luc Mélenchon et nos camarades insoumis ulcérés et révoltés par la démesure, la brutalité et l'injustice du processus. Le tout a été médiatisé par tous, chacun espérant puiser dans cette médiatisation un intérêt, notamment les victimes de ces perquisitions, drapés dans leur dignité, pour faire valoir leur légitime révolte et rétablir leurs droits bafoués, comme celui d'accéder aux lieux de la perquisition. Mais à qui profite finalement cette médiatisation, c'est ce que nous devons nous demander... Si les insoumis que nous sommes avons fait bloc, et donc consolidé, renforcé la base militante dans notre conviction qu'il fallait en finir avec ces méthodes iniques et cet état aux dérives répressives et totalitaires, il n'est pas sûr que l'audience, au-delà de notre mouvement, ait été réceptive à la fougue et à la passion de nos camarades, pourtant , je le souligne encore, bien compréhensibles et bien légitimes... En effet ces réactions virulentes et fatalement mouvementées ne sont guère adaptées à cette France de moutons bêlants et d'eunuques boboïsants, trop habitués à dire amen aux sornettes lénifiantes et aux balivernes que leur distillent les médias asservis aux intérêts d'une société mercantile et sans le moindre scrupule moral. Il est donc probable que cette opération politique, plus que pour trouver les moindres preuves de quoi que ce soit, n'ait été dès l'origine qu'une entreprise de déstabilisation et d'intimidation, destinée à détourner de nous et de notre mouvement les mécontents tièdes qui commençaient à se poser les bonnes questions...

    Car, comme à l'accoutumée, les médias s'en sont donné à coeur joie, de TMC, avec "Le Quotidien" et le Mélenchon bashing habituel à un Yann Barthès dont les débuts impertinents de Canal sont bien loin désormais, lui qui mercenarise aujourd'hui ses services à un média servile de Bouygues (Quitter Bolloré pour Bouygues, c'est aller de Charybde en Scylla !), à BFM avec son émission matinale animée par le clown de service, monsieur Bourdin, qui a fait du Bourdin quand JLM faisait, bien entendu, du JLM,("tempérament méditerranéen oblige", dixit !), numéro bien rôdé s'il en est, en passant par la mal nommée (tant elle comporte d'amateurisme indigne d'une chaine d'informations)  "Heure des Pros" sur C News, où Pascal Praud, déjà décrié lorsqu'il parle football, se mêle de tout et a animé un tribunal d'inquisiteurs qui ont, sur des extraits parfois décontextualisés, bien sûr, jugé sans la moindre équité les faits, notre camarade insoumis Bastien lachaud étant jeté en pâture à ces ânes imbus de leur bêtise, dont j'extrairai cependant l'honorable Maître Bilger, qui fut le seul à conserver son objectivité dans ce torrent de bassesses, honneur à lui donc ! Je vous laisse d'ailleurs juges de ces émissions, à l'aide des extraits vidéos ci-joints. Bon courage pour le visionnage, il en faut !!!







   Bref, le soufflé va retomber, bien sûr, et toute cette agitation va s'apaiser, au bénéfice d'un Macron et d'un Philippe qui ont réussi un bon coup médiatique, satisfaits d'avoir encore eu leur lot de "Mélenchon disjoncte" (Orange) ou de "surréalisme" (TF1), tous types de commentaires repris par les hérauts habituels du régime (Christophe Barbier sur BFM en tête !) destinés à agiter les épouvantails habituels, à faire peur aux gogos, à faire transpirer d'inquiétude les bobos, en un mot, à décourager les velléités de ralliement, à dégonfler le capital électoral de notre mouvement. A nous de nous adapter à ces manipulations et autres coups tordus pour ne montrer de notre mouvement que ce qui l'honore: une doctrine et des principes destinés à promouvoir et défendre l'humanité et l'humanisme contre une société qui décérèbre l'homme et le vampirise peu à peu de son âme et de son  intelligence. Le mieux, pour nous en remettre, est encore de relire 1984 du génial George Orwell !


Commentaires

Articles les plus consultés