"Les Confessions", film de Roberto Ando



     Je m'en serais voulu énormément de ne pas vous signaler ce très beau film italien de Roberto Ando, sorti sur nos écrans en 2016 et qui m'avait alors beaucoup impressionné. Après Viva la liberta , le réalisateur met en scène une nouvelle fable critique à l'égard des politiques et des économistes qui gouvernent le monde avec pour seule préoccupation les intérêts, la finance et sont prêts pour cela aux plus absurdes sacrifices, pourvu que les sacrifiés soient de pauvres citoyens sans défense...
     L'argument du film ? Lors d'un sommet du G8, le patron du FMI, Daniel Roché, fête son anniversaire et convie pour l'occasion, en plus de ses collègues ministres d'Etat, un moine chartreux, Roberto Salus, une écrivaine de livres pour la jeunesse et une popstar. Si l'on pense aisément à J.K Rowling et à Bob Geldof pour les effigies qui ont inspiré ces deux invités, on reste perplexe sur la figure plus énigmatique mais o combien charismatique du moine chartreux. Daniel Roché lui demande de se confesser mais on retrouve le potentat de la finance mort le lendemain de cette confession...
   Suspense policier ? Ce n'est qu'une apparence ! Le film est en réalité une fable philosophique qui souligne les travers de ceux qui s'occupent de la basse cuisine des finances et de la politique, l'action se situant au moment douloureux de la dette exorbitante exigée par les grands au peuple de Grèce. Alors que dans ce grand hôtel, personne ne parle la même langue, sauf celle, déshumanisée, de la finance, le moine, lui, préfère le chant des oiseaux… Cet affrontement insolite entre la métaphysique et l’économie tourne à la fable altermondialiste, jusqu’au final, dont la poésie rappelle Vittorio de Sica. Quant à l'acteur qui tient le rôle principal, Toni Servillo, la critique Guillemette Odicino a bien raison d'écrire qu'on jurerait qu’il porte une auréole…
      Ce film très calme, voire serein, sur un sujet pourtant brûlant et irritant, est à la fois d'une grande beauté et toujours plein de sens, ironique et tendre jusqu'à la jubilation. Roberto Salus, sorte de François d'Assise revenu parmi les hommes, insuffle à ces silences et à ses rares dialogues une sagesse et une sublime zénitude, qui nous fait constamment réaliser à quel point notre civilisation se trompe de valeurs. Le film nous convainc aussi brillamment que les gouvernants, quel que soit leur masque, masque de Trump, masque de Macron, masque de Merkel, ne sont que les pantins égocentrés et aveugles d'une mascarade sans humanité.

http://www.aligre-cappuccino.fr/actu/2017_01/LES%20CONFESSIONS-DP.pdf




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