Vendanges de Septembre
Bientôt l’automne viendra engourdir les insectes et
encapuchonner les passants sous l’averse encore tiède... Le pays va s’apprêter
doucement à rentrer, comme l’écrivait Antoine Blondin, « dans un long
hiver » *. Les étudiants, les
retraités, les ouvriers et salariés, les français de la classe moyenne,
pressurés par un régime à la solde et aux bottes des lobbys et grandes
entreprises, des classes aisées, des bobos et des grandes fortunes, s’apprêtent
eux aussi à connaître des jours difficiles et obscurcis par une lente mais
inexorable désespérance.
La
rue va résonner des revendications des justes et de ceux qui refusent de se
soumettre aux « ordonnances » de ce pouvoir injuste et si peu
légitime... Rappelons que le plus grand parti de France est celui des
abstentionnistes et que « Jupiter » n’a été élu que par 16% des
électeurs inscrits, ce qui rend plus que relative sa légitimité ! C’est
donc dans des souliers très étroits qu’il devrait s’avancer sur la scène
nationale, sur la pointe des pieds, en conscience de ce qu’il représente en
fait de voix, au lieu de plastronner comme un paon et d’étaler sa morgue
insupportable dans les images des médias...
Les vendanges seront amères pour tout le
monde, autant pour nous qui battrons le pavé sous le regard condescendant et
méprisant de ceux qui tirent les ficelles de ce piètre jeu politique, que pour
ces contempteurs blasés qui y verront peut-être les prémices des sanglantes
récoltes qu’ils engrangeront lorsque ce qu’ils veulent semer aura produit ses
fruits néfastes et commencé de ruiner peuple et nation au profit du patronat,
des adhérents au MEDEF, et de ces bobos insouciants qui prennent un air inspiré
– prendre l’air, faire semblant, c’est tout ce qu’ils sont capables de
faire ! – pour commenter platement et niaisement les mesures iniques
prises à la rentrée.
Et
voici que d’Athènes, devant nos frères de Syriza, ce minable Auguste profite
encore d’une prise de parole lointaine – quel courage ! - pour exprimer
son mépris du peuple français, qualifié de « fainéant », « cynique »,
« extrémiste »... En se comportant de la sorte, il s’est jugé
lui-même et s’est déconsidéré aux yeux des citoyens grecs et d’Athènes
particulièrement, qui – leur histoire l’a montré – n’apprécient pas du tout ce
genre de comportement, digne d’un sycophante, donc indigne. Cela valide
malheureusement l’éditorial du New-York
Times qui égratigne l’ego démesuré du piètre dirigeant français, qualifié
de « président raté » (sic) ! Ledit Jupiter serait donc notre
George W. Bush à nous, notre Trump en herbe... Il va en falloir, de la résine
grecque pour rendre moins amer et buvable le jus de ces tristes
vendanges ! En attendant, ce président nous fait honte, à nous, peuple de
France !
Ensuite, le lendemain, voilà-t-il pas que
la Cerbère du Front National ressort de sa niche et se met à vaticiner contre
nous en des termes plus orduriers encore que ceux précédemment évoqués. Sans
doute piquée par un taon particulièrement virulent, ses démangeaisons se
muaient en rictus haineux sur son visage qui, soudain, n’avait plus rien d’humain...
Battue par elle-même lors du débat du tour ultime des élections, la voici qui s’arc-boute
contre sa tête de turc d’entraînement habituelle, à savoir notre France Insoumise
et Jean-Luc Mélenchon, son leader. C’est curieux, mais à entendre son discours,
on croirait que c’est nous qui exerçons le pouvoir et sommes les adversaires
désignés ! C’est bel et bien révélateur de l’insignifiance de ce président
ectoplasmique et de son gouvernement : ils ne représentent même plus un trampoline
assez solide pour permettre à l’égérie du Front de rebondir ! En lui
faisant ce sort verbal dans son discours de rentrée, c’est bel et bien notre
mouvement qu’elle désigne comme son adversaire le plus sérieux, le plus coriace,
bref, comme l’interlocuteur réel!
Finalement, je crois que dans cette fable
hors du commun, le petit, tout petit Jupiter – et ne venez pas me dire que ce
qui est petit est mignon ! – va devoir se contenter de tenir la chandelle
et répandre ses blafardes lueurs sur les contours d’une France aigrie et
révoltée par ses impostures et son cynisme, une France qui attend impatiemment l’aube
qui lentement, mais sûrement, point à l’horizon, des champs encore ourlés de
rosée à la naissance des avenues que commence à investir notre peuple, qui va
démontrer sur le pavé qu’il n’est ni fainéant, ni cynique, ni extrême mais
simplement courageux et révolté par un pouvoir qui, lui, exsude l’incompétence et
le cynisme par tous ses pores ! Cette aube sera belle et douce comme une
vérité qu’on a exhumée d’un voile d’obscurantisme et de vulgarité, comme cette
voix qui monte en vague immense et qui ne refluera pas.
*
Extrait du roman « Un singe en hiver »
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