Pompes monarchiques et Macrolâtrie
Jamais depuis les fastes des monarques, nous n'avions vécu une telle fresque idolâtre ! Toute la sainte journée du dimanche 14 mai a été consacrée par les médias au culte de Saint-Macron, lors de l'investiture présidentielle. Une seule icône, pour les canaux censés informer le peuple de France, celle du nouveau monarque, célébré mieux que Napoléon le Grand mis en scène par lui-même lors de son sacre, avec le faste des imageries chères à "Point de vue - Images du monde", à Stéphane Bern et à tous les monarcholâtres ! Ce n'était plus "En marche", mais c'était "En carrosse" ! La Reine d'Angleterre elle-même aurait pu en concevoir de l'envie !
De sept heures du matin jusqu'au soir, les téléphiles français ont pu assister à toute la collection de l'imagerie d'Epinal mise en scène par le service public, devenu sans la moindre retenue organe de propagande, mais aussi par Drahi-BFM, Bolloré-News entre autres, grands propagandistes du nouveau régime. C'est tout juste si la retransmission de la messe dominicale n'a pas été remplacée par la cérémonie d'investiture ! Monsieur Hollande se voulait "président normal" après "l'hyperprésidence" de Monsieur Sarkozy... Eh bien voici, à en croire le bombardement médiatique, idolâtre en diable, que s'ouvre à nouveau l'ère de la sainte monarchie, avec derrière l'iconostase, Emmanuel 1er, roi de France, parce que, souverain des français, avec seulement 24% de franche adhésion, on ne peut le prétendre, n'et-ce-pas... Tout cela, de la part des médias, est un peu sacrilège, car la "latrie", par définition est réservée à Dieu, or, que nous sachions, même avec ses faux airs d'enfant-Jésus, le nouveau monarque n'a rien de divin !
Bien sûr, pour les esprits libres et critiques, toute cette liturgie est sans effet, mais pour les personnes simples et influençables, ce faste et ce déploiement des thuriféraires du monarque peuvent en imposer et, disons-le tout net, fausser les élections législatives à venir, comme la distribution d'images pieuses en couleurs pouvait autrefois attirer les enfants vers la religion ou comme le faste du couronnement pouvait jadis frapper l'esprit du peuple et lui faire apprécier un roi ou un empereur sans réelle légitimité... Comptabilisera-t-on ce monopole de présence télévisuelle pour le déduire du temps de campagne des candidats du régime ? Non, bien entendu: c'est tout bénéfice: propagande gratuite !
Quel égocentrisme, quel "macrocentrisme" ! On peut juger d'un homme par son rapport à l'humilité et aux apparences. "Mehr sein als schein" disait une vieille devise prussienne: "mieux vaut être que paraître". Eh bien, nous voici fixés: le nouveau président aime cultiver les apparences et la pompe. Pour quelqu'un qui dès demain ira ramper aux pieds de Frau Merkel, cela peut paraître paradoxal, mais bon, dans ces milieux-là, ils ont d'autres moeurs que nous ! Bref, pour l'essence et l'humilité nous repasserons et attendrons le tour d'un autre gouvernant. Il n'en reste pas moins que ce nombrilisme a de quoi indisposer, notamment quand les nouvelles du monde sont totalement éclipsées dans les médias du pays et que, pour apprendre que l'épidémie d'Ebola réapparaît avec virulence au Congo, il faut aller sur la chaîne binationale Arte ou sur les chaînes étrangères, notamment les chaînes belges, beaucoup plus soucieuses de ce qui se passe dans le monde que dans leur microcosme.
Mais, à l'heure où les brebis bêlantes se regroupent autour de l'écran pour entendre le nouvel évangile selon saint-Delahousse ou selon saint-Cricq, je sais, amis insoumis, que vous écoutez d'autres voix, contemplez d'autres paysages, lisez d'autres prophètes, de bien meilleur aloi ! La lutte nous attend et nous appelle pour donner au pays une autre voie que celle du désespoir des travailleurs livrés à l'exploitation du système, du service public amputé de fonctionnaires et livré aux appétits sans frein du secteur privé, des retraités au maigre pécule entamé par de nouveaux prélèvements. La raison nous souffle que nous ne pouvons laisser le nouveau locataire du Palais vendre notre pays au monde de la finance et des grandes sociétés, en bafouant et négligeant les enjeux écologiques. A l'heure où ces gens s'attardent à des fastes et pompes aussi grandiloquents que puérils et s'autosatisfont en célébrations indigestes, nous fourbissons nos bulletins de vote pour élire nos frères insoumis et rendre à ce pays son intime, pudique et véritable dignité !
P.S (lisez "post-scriptum", et non "parti socialiste" !): ai-je cru rêver ou j'ai bien aperçu au siège du PS une banderole "Merci" déployée en l'honneur de François Hollande ? Le PS remercie celui qui, par sa politique et sa complaisance, l'a sabordé de l'intérieur ?! Si ce n'était pas une antiphrase, nous vivons décidément une époque épique !
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